Page:Variétés Tome I.djvu/106

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precedent entre les mains de diverses personnes, ayant pour son compte l’expedition des plus grandes affaires de ce royaume. Il estoit doué d’un esprit fort prompt, bien entendu aux choses qui dependoient de la republique ; il estoit d’une agreable taille, mais aussi fort presomptueux envers ceux qui estoient sous sa domination3 (qui estoient pour lors en grand nombre). Il se maria avec la comtesse d’Oliva ; il fut fait chevalier de l’ordre de Saint-Jacques, et quelque peu de temps après commandeur de Ocanna, puis comte d’Oliva, tiltre lequel il passa en après à son fils dom François Calderon, premier nay de sa maison, marquis de Sept Eglises4, et sa dernière qualité estoit d’estre capitaine de la garde allemande.

Son père, estant homme fort vertueux, bien qu’il devînt plus riche, ne meit jamais en oubly son origine. Ains, sans aucun desir d’atteindre au sommet des honneurs mondains, remonstroit souvent à dom Rodrigue en quel peril se jettoit celuy qui s’asseuroit sur le glissant pavé des hautesses humaines ; mais d’autant plus il luy remonstroit, d’autant plus il devint ambitieux et remply d’orgueil, jusques à prendre à deuil les dites remontrances, et l’en avoit en haine.

Neantmoins, voyant son père vefvier pour la seconde fois, il tascha de le gorger du mesme suc de


3. Ceci répond très bien à ce qu’on lit dans Gil Blas (liv. viii, chap. 3), et justifie à merveille les courbettes que Le Sage fait faire à son héros lors de sa première visite à D. Rodrigue.

4. De Siete Iglesias.