Page:Variétés Tome I.djvu/114

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de Sa Majesté au dit sergent, laquelle estoit fausse, et depuis luy avoit ostée et rompue.

Le mercredy de relevée, par un decret du conseil des ordres, un religieux et un chevalier de S.-Jacques lui allèrent arracher l’ordre du dit S.-Jacques, acte le quel il regretta grandement, et neantmoins le laissa prendre avec une grande patience ; toutesfois il dit qu’il eust bien desiré mourir avec le dit ordre, et que jamais on ne l’avoit osté à ceux qui avoient commis de pareils crimes.

Il fut publié par la ville, et enjoint à tous sergens royaux et à tous ceux de la cour de monter à cheval et leur trouver le jeudy à la place publique. À icelle heure la dite place se trouva vide de plusieurs estals qui y estoient, à cause qu’en ce lieu on y vend les fruicts, et n’y avoit rien qu’un eschaffaut haut, grand et large, et au milieu une chaise de bois couverte de noir, qui par après fut descouverte, pour eviter l’esmotion du peuple, le quel en murmuroit, et ne vouloit que on lui fist tant d’honneur. En la dite place, et par toutes les rues où il devoit passer, il se trouva si grande quantité de peuple que c’estoit chose impossible de le pouvoir nombrer.

À unze heures et demie du matin, estoit attendant à la porte du logis de dom Rodrigo, les croix des deux confrairies qui ordinairement accompagnent toutes personnes que l’on execute, et plus de soixante et dix sergens à cheval. Il descend donc en bas, accompagné de 4 religieux cordeliers, 4 de la Trinité, 4 augustins, 4 carmes et 4 penitens des carmes, et avoit vestu une robe de deuil et chaperon en forme de babelou, le tout de baguette, avec la face des-