Page:Variétés Tome I.djvu/141

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sieur de Malherbe, requerant qu’il soit declaré que les mots de face, canton et ligue, ne sont pas françois. — R. Pour le mot de face, sera escrit à monsieur de Marcheville pour le supplier d’en conferer avec le premier vizir, pour tascher de savoir si le grand Turc se le veut approprier privativement ; pour les mots de canton et ligue, semblable despesche sera faicte à messieurs les ambassadeurs vers les Suisses et Grisons.

S’est presenté l’intendant des planettes, requerant que errer et tout ce qui en derive soit declaré n’estre pas injure en françois. — R. Accordé, en consideration du favory de la lune.

S’est presenté un novice en poesie, requerant, de peur de se mesprendre en chose d’importance, qu’il plaise à la compagnie desclarer quel genre sont les mots navire et affaire13. — R. La compagnie sur-


13. Le genre du mot navire n’étoit pas en effet encore bien décidé. Pour la plupart, esclaves de l’étymologie latine, c’étoit encore un mot féminin, suivant l’usage observé jusqu’au XVIe siècle ; d’autres lui donnoient déjà le genre qui lui est resté, et que Du Bellay avoit été le premier à lui attribuer en son Illustration de la langue françoise, au risque des critiques, qui ne lui furent pas épargnées, surtout par Charles Fontaine (Quintil Censeur, 1576, in-12, pag. 206). En 1666, le débat n’étoit pas encore vidé. « Ce mot, écrit Ménage, est encore présentement masculin et féminin, surtout en vers. » Observations sur les poésies de Malherbe, 1666, in-8, pag. 268. — Quant au mot affaire, il est vrai qu’on pouvoit aussi discuter encore sur le genre à lui attribuer. On l’employoit souvent au masculin. Nous renverrons, san chercher d’autre exemple, à une phrase de la pièce fran-