Page:Variétés Tome I.djvu/162

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d’emploier leurs biens, voire leur propre vie, pour telz louables exploitz et dignes entreprises.

Le reste fut taillé en pièces, après avoir faict mille resistances sur l’esperance vaine et inutile d’avoir quelque secours de leurs confederez, complices et coadjuteurs de la ville de Genève, sur lesquels ils avoient plus d’esperance que non pas sur la bonté infinie et indicible de nostre bon Dieu, doux, benin et misericordieux, lequel pouvoit bien lire dans leurs consciences perverses et malefices, les salaria du guerdon dignes de telles pestes, et tous leurs vains efforts n’ont en rien empesché que nostre bon Duc ne les ait gouvernezn e la verge de fer et qu’il ne les ait plus facilement fracassez que le vaisseau du potier.

Peu de temps auparavant, les crapaux enflez du lac de Genève avoient fait demolir et raser à fleur de terre toutes les maisons situées sur le pont d’Erve8, qui peut estre distant de la ville environ deux fois la portée d’un mousquet, et ce à telle fin et intention d’y faire dresser un fort que l’on dit estre desjà edifié, et outre plus estre totallement inaccessible, qui occasiona le prince, suyvant le rapport qu’on luy en avoit faict, de se resouldre à l’instant de l’aller saluer de ses trouppes ; et pour ce faire il envoya les regiments du seigneur de Disimieux et du seigneur de La Grange, gentils hommes notables, et non moins experimentez en l’art militaire que bien zelez au faict de la religion,


8. Il s’agit du fort d’Arve, où, dit Spon, Son Altesse « eut du pire, quoy que son armée fust de sept à huit mille hommes. »