Page:Variétés Tome I.djvu/167

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sieger le dit chasteau de la Pierre, et après que nos gens eurent bien descouvert jusques à seize enseignes que ceux de Genève y avoient envoyez pour la defense et tutèle de la place, nostre bon et magnanime duc de Savoye en ayant eu advertissement, aydé du Tout-Puissant, les approche, et avecques ses forces donna si vivement dessus qu’il y eut perte pour eux bien de quatre à cinq cens hommes, le reste se retirans dans la ville de Genève avec ung regret et remors de conscience d’avoir perdu une si forte place par le sainct vouloir de Dieu, se servant de la vaillance d’un si vertueux et fidelle prince, à la devotion duquel le chasteau fut remis.

Ces choses ainsi considerées, Son Altesse, voyant que Dieu, premierement la fortune de toutes les aultres choses, favorisoit ses entreprises, fait faire un fort11 distant de la ville de Genève environ une


raillant, qu’ils leur apprêtassent à dîner ; mais ils ne furent servis que de prunes bien dures et de mortelle digestion, qui les contraignirent de sonner la retraite après y avoir perdu quelques uns des leurs. » Id., pag. 32.

11. Le duc étoit las de cette guerre avec Genève, et, d’un autre côté, la mort de Henri III et la prévision des troubles qui en résulteroient et qui affaibliroient la France venoient ranimer ses anciennes idées de conquête sur la Provence. C’est donc vers ce point que, laissant le territoire genevois, il tourna ses espérances et dirigea son armée. Auparavant, il bâtit le fort dont il est parlé ici. « Pour les brider, écrit Spon, il fit tracer un fort nommé Saint-Maurice, à Versoy, et dressa une plate-forme sur le bord du lac, pour battre avec de grandes pièces d’artillerie toutes les barques qui se hasarderoient sur le lac de Genève. Il y laissa pour gouverneur