Page:Variétés Tome I.djvu/172

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vaillant des plus belles perles que produit l’Orient, mais en un festin elle en faisoit dissoudre et manger à plus de vingt mille escus à ce pauvre abusé de Marc-Antoine, à quy à la fin elle cousta l’honneur et la vie.

Je laisse une infinité d’histoires qui serviroient à ce subjet, pour racompter ceste très veritable, modernement arrivée à Anvers, ville renommée et principale de la Flandre.

La comtesse de Hornoc, fille unique de ceste illustre maison, estoit demeurée riche de plus de deux cent mille escus de rente ; mais elle estoit fort colerique, et lorsqu’elle estoit fort en colère, elle juroit et se donnoit au diable, et outre ce elle estoit très ambitieuse et subjette au luxe, n’espargnant rien de ces moyens pour se faire paroistre la plus pompeuse de la ville d’Anvers.

Au mois de decembre dernier, elle fut convoyée en un festin qui se faisoit en l’une des princiales


ce de toutes ces étymologies. Dans le langage des lingères et empeseuses, le godron étoit le pli rond et rebondi qu’on multiplioit à l’infini sur les collets à plusieurs étages que portoient les femmes, et sur les larges fraises mises à la mode, puis délaissées, par Henri III. « Le roy...., dit l’Estoile, alloit tous les jours faire ses prières et aumônes en grande dévotion, laissant ses chemises à grands godrons, dont il étoit auparavant si curieux, pour en prendre à collet renversé à l’italienne. » Les orfèvres employoient le mot godronné à peu près dans le même sens : ils s’en servoient pour désigner la vaisselle d’or ou d’argent à filets. Aujourd’hui encore, quand une étoffe ou une feuille de papier font un pli, on dit qu’elles godent.