Page:Variétés Tome I.djvu/183

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theurs de la première esmotion, en ayans eu le vent, mirent ensemble cinq ou six mil hommes9, vindrent avec les autres aux mains, où il y en eust plusieurs tuez et blessez, bruslèrent le coche dans lequel on avoit deliberé de mettre le prisonnier10, et de la mesme furie allèrent à la prison, le mirent dehors, et avec luy quelques autres coupables de la vie, et leur firent fournir chevaux pour se sauver, comme ils firent, et dit-on qu’ils se sont retirez en France11. Ceste audace meritoit (comme pouvez presumer) le juste courroux d’un grand roy, qui, se faisant obeyr et respecter aux parties les plus eslongnées de la terre, souffroit un mespris de ses subjects si près de luy ; neantmoins il y proceda avec tant de doulceur que, sur les remontrances qui luy en furent faictes, il dict qu’il sçavoit bien que parmy les bons il y avoit tousjours des mauvais ; que l’on fist recherche de ceux qui avoient esté autheurs de ces esmotions ; que l’on en fist la justice, moyennant quoy il estoit content d’oublier ce qui s’estoit passé. Mais ceste commune, enyvrée en ses debordemens, ne pouvant ouyr parler de la justice, disant aussi que ce qu’ils avoient faict n’avoit esté que pour maintenir leurs priviléges, et que les loix d’Arragon ne souffriroient qu’un gentilhomme, pour quelque crime que ce fust, peut mourir par justice, se rendirent si


9. Cette nouvelle insurrection eut lieu le 24 septembre.

10. M. Mignet entre dans de grands détails sur cette insurrection et sur la délivrance définitive de Perez, mais il ne parle pas de ce coche brûlé. Pag. 185–189.

11. Perez s’y réfugia en effet.