Page:Variétés Tome I.djvu/228

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gardées et observées, et que chacun ira à vespre et au sermon. »

— Monsieur le lieutenant, il est l’heu… heu… heure : frappez de la baguette et allez sonner.

Incontinent, chacun se lève avec tumulte. L’un va grondant, l’autre riant, l’autre se plaignant que ses jugemens n’avoient de rien servy aux complaignans, ains seulement à gausser la police ; qu’il n’avoit que faire de revenir de l’autre monde pour scindicquer les actions d’autruy ; qu’il y avoit assez de juges en France et officiers pour ce faire, et que le roy, de sa benigne grace, estoit encores après pour les augmenter et pour faire des edits nouveaux. Les autres disoient qu’il y viendroit à tart, que le monde n’estoit plus gruë, que les offices et les officiers estoient ruynez ; l’autre disoit qu’il falloit devenir marchand, comme les Italiens, qui, sans tenir boutique, trafiquent de tout et partout, et si paroissoient nobles devant le monde. Bref, je n’ay jamais veu tel bruit, et quant les hommes et les femmes qui sont au monde seroient aussi parfaicts de corps comme Ésoppe, d’esprit comme Guerin25, de visage comme le comte de Guenesche26, de chasteté comme la


25. Bouffon de la reine Marguerite, qui, à la mort de la princesse, eut la misère pour dernier salaire de ses turlupinades. V. les Caquets de l’accouchée, et Sauval, Galanteries des rois de France. Édit. in-12, 3e partie, pag. 70. « Il prenoit la qualité de maître de requêtes de la reine Marguerite et de son orateur jovial. »

26. Type caricature créé en haine et en moquerie des Espagnols, dont, comme Polichinelle, il exagérait encore sur sa physionomie le nez proéminent et la mâchoire sail-