Page:Variétés Tome I.djvu/252

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Il s’emeut encor une seconde difficulté pour sçavoir si on feroit la guerre ouvertement ; si on mettroit d’abord le siége devant quelque place et si on rangeroit tout d’un coup l’armée en bataille, ou bien si on se menageroit d’avantage, si on ne se contenteroit pas de repousser les insultes, et si on ne se mettroit pas plus-tost en estat de faire une retraite honorable que de s’engager tout d’un coup dans des combats dont le seul appareil seroit capable de les espouvanter. On fut encore partagé sur cet article. Les uns soustenoient que c’estoit trop hazarder que de donner bataille tout d’un coup, qu’il estoit difficile que des trouppes qui n’avoient habité que parmi des femmes fussent si tost aguerries, et que, si elles venoient à la perdre, elles seroient perdues sans resource et ne se rallieroient jamais. Les autres soutenoient que les premiers efforts estoient toujours les plus violents ; que tel qui fournissoit bien une carrière n’estoit pas toujours à l’epreuve d’une seconde, et que les cœurs mal aguerris se ralentissoient assez tost ; que la moindre pluie et le moindre mauvais temps les rendroient toutes moles et sans vigueur ; que, ne combattant pas à force ouverte, on les dissiperoit toutes petit à petit ; que deux millions n’estoient pas suffisans pour faire subsister si longtemps une armée si nombreuse, et que, quand leurs finances seroient épuisées, elles ne voyoient pas à qui elles pourroient avoir recours. Comme elles en estoient à toutes ces difficultés, une d’entre elles, dont je n’ay pu sçavoir le nom, les vint avertir qu’elle avoit pratiqué sous main une affaire d’une haute importance, et que, moyennant une somme assez con-