Page:Variétés Tome I.djvu/26

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les choses petites, et j’auray occasion d’en loüer le premier dessein. Valete et plaudite.

Suite des Choses petites.

Je ne puis oublier les choses petites, tellement insculptées, enracinées, caracterées, cizelées, imprimées, voyre s’il faut dire infuses dans le cerveau de mon intellect, que deum timo pascentapes, dum rore cicadæ, toujours, toujours j’auray en reverence le fond de la cause du subject de ceste matière, tant opulentissime et tant excellentissime ! O parva turturella ! parva colombella ! parva muliercula ! parva filiola! parva puella ! Je maintien à visage refrongné, à poil hérissé et à barbe partialisée, qu’il n’est rien de plus poupin, de plus mignon et de mieux calamistré (ce mot est bon jaçoit que pedentesque, calamistro, as, âre, penultima longa ; il passera en despit du censeur) ; est-il rien, dis-je, de plus poly que la chose petite ?

Margoton sans fin m’agite
En son giron arresté,
Non pas tant pour sa beauté,
Que pour ce qu’elle est petite.

Commençons donc par ce syllogisme parodoxiquement formé à la ciceroniène: La lune est plus grande que la terre ; la lune nous semble plus petite : ergo, la chose petite nous doit sembler plus grande que toute la terre. Et bien ! bouches antiperistasées, qui, comme les Thyades, Menades et Bacchantes, forcenez contre les choses petites, avez-vous jamais ouy dire qu’à petit chien grande queüe ? à petit rouet