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Combat de Cirano de Bergerac avec le singe de Brioché, au bout du Pont-Neuf.

Un jour Phebus, plus guay qu’à l’ordinaire, avoit quitté de grand matin le lit de Thetis, sa belle hôtesse, pour dorer la terre de ses rayons ; il s’etoit même donné les airs de montrer sa tresse blonde pendant douze heures, lorsqu’un auteur, qui se vantoit de tirer son origine des Mages, representa une tragi-comedie au bout du pont2 où le cheval de bronze accompagne de loin la Samaritaine. Ce fut là que ce brave champion extermina le presqu’homme des marionnettes.

Tout ce beau preambule signifie qu’en un charmant jour d’esté, sur les quatre heures du soir, Cirano de Bergerac tua le singe de Brioché au bout du Pont-Neuf.



2. Jean Brioché ou Briocci, ainsi que l’appelle M. Magnin (Id., p. 135), qui voit en lui un compatriote de Mazarin, avoit son théâtre de marionnettes à l’extrémité nord de la rue Guénégaud, en face d’une petite tour en encorbellement sur la Seine, qu’on appeloit le Château-Gaillard (V., à ce mot, le Paris ridicule de Cl. Le Petit), et dont le dernier reste, le cul-de-lampe de la tour même, n’a disparu que dans ces derniers temps, avec l’escalier de l’abreuvoir, auquel il attenoit. Boileau a parlé de

..... cette place où Brioché préside

au vers 104 de sa 7e épître, parue en 1677. Alors ce n’étoit plus Jean qui faisoit jouer les marionnettes, mais son fils, François ou Fanchon Brioché, comme Brossette l’appelle, d’après le nom que lui donnoit le peuple.