Page:Variétés Tome I.djvu/299

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laisse courir pour un peu, jusqu’à temps que le comble de leur malice soit accompli ; mais en fin, ne pouvant supporter la calamité que ses boutefeux attisent parmy son peuple, vaincu par les cris de ceux que la force a piteusement conversé en terre, il esveille les flammes de sa colère et ouvre la main aux foudres de sa justice, pour leur faire engloutir ces serviteurs du grand dragon sous les flots d’une sevère punition, où il leur faict gouster le fiel de leur malice.

Un Guillery, ou plustost un vray monstre à la nature, que l’enfer a vomy du plus profond de ses abysmes, pour luy faire enfanter une infinité de volleries et brigandages, s’en est toujours allé suyvant sa brizée, jusques à ce qu’il s’est filé le cordeau qui luy pend sur la teste, et a dejà attaché son frère sur le posteau d’un sevère supplice, là où, pour toute la recompense de toutes meschancetez qu’il a cruellement exercez envers plusieurs marchands, il a laissé la vie sur une roüe parmy les tourmens et les bourreaux. Mais il faut entendre les moyens par où il a esté acheminé à ce pas, et marquer icy en passant quelques traits de sa malice, bien qu’elle se soit assez fait cognoistre par toute la France au bruit qui a remply les oreilles d’un chacun.

Ce Guillery estoit d’une grand maison de Bretaigne, dont je tairay le nom de peur d’offencer quelqu’un2, et a monstré assez clairement parmy le feu


2. Le nom véritable du chef de bande ne se trouve pas davantage dans le livret réimprimé par M. Fillon ; seulement une note curieuse de cet érudit nous donne la raison