Page:Variétés Tome I.djvu/337

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de Brandebourg avoit fait faire si grande quantité d’habits, et de si riches, qu’on en croit la despence revenir à cinquante mille richedales.

Plusieurs pages, montez sur chevaux fort richement enharnachez, marchoient après, ayant les pourpoins de toille d’or noir découpée, et dessous des camisolles de toille d’or, et les hauts de chausses et manteaux de velours noir, chamarrez de passement d’or, et grand nombre de laquais vestus de la mesme façon.

C’est là la suite de la princesse, qui, pour n’estre point d’une haute taille, ne laisse pas d’être d’aussi bonne mine qu’il se peut dire. Elle est brune, mais la plus agreable et la plus blanche qui se puisse voir ; elle begaye un peu, mais non à dessein, ny par affetterie, et cela luy revient si bien qu’il y a de l’admiration à l’ouyr parler ; ses mains sont si blanches et si polies qu’il n’y a marbre qui le soit davantage.

Après que l’ambassadeur de l’Electeur de Brandebourg, qui avoit arrivé avec la princesse, eust eu audience, il presenta au prince un petit coffre d’ambre, plein de pierres précieuses d’un prix inestimable.

Cela fait, la ceremonie du mariage se fist au palais du prince, en presence de tous les ambassadeurs, et peu après on commença le festin, qui dura huict jours continuels, durant lesquels il ne se vit jamais des choses semblables. Là furent servies force viandes accomodées à la façon des Hongrois, desquelles ne peurent manger les Allemans, et, ne les trouvans à leurs goûts, les rejettèrent, s’en moc-