Page:Variétés Tome I.djvu/39

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non de serviteur, comme il avoit tousjours esté, mais de maistre, s’en alla dans la prison samedy dernier, veille des Rameaux, à la nuict, non doucement, comme il avoit accoutumé, mais avec un grand tintamarre qui esveilla et espouvanta fort les autres prisonniers, qui entendirent une voix effroyable qui dict : Eh bien ! Cæsar, il est temps que tu viennes avec moy, et ouyrent cest abominable magicien crier : Mes amis ! Ce qui les espouvanta tellement, qu’il n’y eust pas un d’eux qui ne demeura en pamoison plus de demie heure, de la craincte qu’ils avaient euë que ce diable deschesné ne leur en fist autant, car ils s’imaginèrent d’abord ceste mort desesperée. Le jour venu, il fit paroistre sa lumière dans la chambre par une fenestre qui avoit esté rompue à ce combat, qui fit voir ce miserable duelliste mort et decouvert sur son lict.

Deuxième Histoire.

L’autre et seconde tragedie est d’un duquel, pour le respect que, comme bon chretienne, je dois à sa profession, je tairay le nom et la qualité, et me contenteray de dire seulement qu’il estoit Florentin et qu’il demeuroit à Paris chez un mareschal de France7, qui ne cherissoit personne plus que luy ; mais, ô vergongne ! ô sacrilége ! ô malheur qu’un tel


7. Cette phrase, qui a fait sans doute l’erreur de M. Leber, peut s’appliquer fort bien à Ruggieri. « Vers la fin de sa vie, dit de lui M. Bazin, il trouva dans le maréchal d’Ancre, comme lui Florentin, un nouveau protecteur. » La Cour de Marie de Medicis, etc. Paris, 1830, in-8º, p. 139.