Page:Variétés Tome I.djvu/44

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Fevret l’aisné2 presentant les lettres de pardon obtenues par Helène Gillet, dict :

Messieurs, Helène Gillet, qui se représente au conspect de la Cour, donne de l’estonnement à ceux qui la voyent, et n’en a pas moins elle-mesme.

Elle n’avoit veu la Justice de ceans que dans le trosne de sa plus sevère majesté ; elle ne l’avoit apperceuë que le visage plain de courroux et d’indignation, tel qu’elle le faict paroistre aux plus criminels ; elle ne l’avoit considerée que l’espée à la main, dont elle se sert pour la punition des maléfices.

Mais, chose estrange ! elle treuve aujourd’hui ce premier appareil tout changé : il lui semble que le visage de cette deesse luy rit, comme plus adoucy et favorable ; elle voit sa main desarmée, et vous diriez qu’elle tend les bras pour promettre quelque asyle et protection à celle qui, de criminelle, est devenue suppliante.

Vous vistes, Messieurs, cette pauvre fille, il y a quelques jours, le visage couvert de honte par


lation est faite d’après le recueil d’où toutes les pièces de celui-ci procèdent (le Mercure françois, 1625, t. XI, p. 526–541.)

2. Ch. Fevret, né à Semur en Auxois, le 16 décembre 1583, fut l’un des plus célèbres avocats du Parlement de Dijon au XVIIe siècle ; en outre de ce plaidoyer, qui lui fait un si grand honneur, il se distingua par sa harangue à Louis XIII en faveur des paysans dont la révolte avait exigé la présence royale à Dijon en février 1630. Il mourut très âgé, le 16 août 1661.