Page:Variétés Tome I.djvu/81

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Ainsi me plaist-il de ressuivre
Encor’ la banière d’amour :
Car de chanter les grands du monde,

C’est battre l’air et frapper l’onde.

Sonnet de l’infortune des bons vers.

—-Si les carmes jadis (on nomme ainsi les vers)
Acquirent de l’honneur et du prix en leur style,
Un Homère, un Petrarque, un Ronsard, un Virgile,
En donnent assez preuve au rond de l’univers.

—-Les grands en firent cas, et les peuples divers,
Et leur gloire supresme eust cours de ville en ville.
Maintenant (quelle honte !) il n’est chose plus vile :
Ils marchent les pieds nuds, tristement descouverts !

—-Qui leur rendra leur grade aujourd’huy par la France ?
Des majestez depend telle heureuse influence.
Les voyant donc si nuds et si mal ajancez,

—-Il faut que, par devoir, en leur nom je m’escrie :
N’oubliez pas le tronc des carmes deschaussez,
Et vous aurez au ciel une immortelle vie.