Page:Variétés Tome I.djvu/96

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tillitez et moyens, de pouvoir succomber et arriver le genre humain en ses lacs. Dès incontinant que ce grand capitaine Moyse eut en main la commission pour retirer les Israëlites d’entre les mains de ce pervers et inique roy d’Egypte Pharaon, il luy declare l’ambassade celeste, il le somme à relacher le peuple de Dieu ; et, pour preuver son dire, il jette sa verge en bas, qui tout aussi tost prend vie, et se metamorphose en serpent furieux. Les magiciens veulent faire de mesme, mais pour neant : car celle qui est produite par la toute-puissance divine engloutit et dissipe ceux qui sont provenus de l’art diabolique.

De mesme fut fait les raynes, sauterelles et autres animaux provenus d’enchanterie et sortilléges ; tellement que l’homme est bien aveuglé et dehors de toutes considerations, qui s’adonne à ces malheureuses et detestables œuvres de magie, quittant son Dieu pour suyvre le diable, laissant la verité pour le mensonge, se précipite du port de grace et salut dans les abismes et gouffres des enfers. Les lecteurs se contenteront de ce preambule, à celle fin de ne les ennuyer pour estre prolixe, se contentant, s’il leur plaist, au recit de ce discours très veritable, prodigieux, et autant admirable que longtemps aye esté mis en lumière.

Trois Espaignols, magiciens, accompagnez d’une femme espagnolle, aussi sorcière et magicienne, se sont promenez par l’Italie, Piedmont, Provence, Franche-Comté, Flandres, et ont par plusieurs fois traversé toute la France ; et tout aussi tost qu’ils avoient receu quelque desplaisir de quelques uns