en chorus. Un jour qu’elle passoit sur le Pont-Neuf, où une douleur de dents la conduisoit pour se faire voir au gros Thomas4, après quelques civilités materielles que lui fit ce massif esculape, on fut tout surpris de voir qu’il embrassa delicatement ma Mie Margot, et qu’il l’appella sa chère cousine. La reconnoissance se fit avec de vifs transports de part et d’autre, et la vanité de ma Mie Margot ne fut pas peu flattée de se voir parente de si près d’un homme qui faisoit une si grosse figure sur le Pont-Neuf, et qu’on peut appeler le pendant d’oreille du cheval de bronze.
4. Fameux arracheur de dents du Pont-Neuf, dont il est déjà parlé dans les Nouvelles à la main de 1728, dans le Journal de Barbier, passim, etc. Gouriet lui a consacré un article dans son livre Personnages célèbres dans les rues de Paris, 1811, in-8, t. 1er, p. 323–325. Une ancienne gravure, reproduite par le Magasin pittoresque, t. 9, p. 324–325, le représente sur son échafaud roulant, au bas de la statue de Henri IV. Quand il mourut, on fit en son honneur, sous ce titre : Apothéose du docteur Gros-Thomas, une chanson qui se trouve dans le recueil s. l. n. d. paru à la fin du XVIIIe siècle, et intitulé le Chansonnier françois (12e recueil, p. 117– 122). Des onze couplets nous ne citerons que celui-ci :
Sur un char ceint de garde-foux,
Construit d’une forme nouvelle,
Il y débitoit pour cinq sous
La médecine universelle.
Le foie et les reins entrepris
Par son remède étoient guéris ;
Et, par une secrette cause
Qu’il connoissoit dans tous les maux,
Il ordonnoit la même dose
Pour les hommes et les chevaux.