Page:Variétés Tome II.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’il eut contre un apotiquaire
Pour de pretendus recipez
Où il y en eust d’attrapez.
La loy de la chevalerie,
C’est l’extrême poltronnerie.
Il fait pourtant le Rodomont
À cause qu’il fut en Piedmont,
Ou, que je n’en mente, en Savoye,
D’où vient ce vieux habit de soye,
Qui merite d’estre excusé
Si vous le voyez tout usé :
Il y a bien trois ans qu’il dure.
Fust-il de gros drap ou de bure,
Aussi bien qu’il est de satin,
Il eust achevé son destin.
Mais sa moustache luy repare
Tout ce que la nature avare
Refuse à son noble desir.
C’est son delice et son plaisir,
C’est son revenu, c’est sa rente,
Bref, c’est tout ce qui le contente,
Et fait, tout gueux qu’il est, qu’il rit
Qu’avec grand soin il la nourrit ;
Qu’il ne prend jamais sa vollée
Qu’elle ne soit bien estallée ;
Que son poil, assez deslié,
D’un beau ruban ne soit lié,
Tantost incarnat, tantost jaune.
Chacun se mesure à son aune :
Il y a presse à l’imiter.
Les filoux osent la porter
Après les courtaux de boutique ;