Page:Variétés Tome II.djvu/199

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Des voleurs nous donnent la loy,
Et que leurs vols et brigandages
Surpassent mesme les larcins,
Les rapines et les outrages

Qui se font sur les grands chemins ?

Plaideurs qui avez des affaires,
Que dites-vous des secretaires
Et des clercs de vos rapporteurs ?
Que dites-vous de l’avarice
Et de l’humeur de ces voleurs
Qui vendent ainsi la justice ?

Et vous qui ne sçavez que c’est
De faire donner un arrest,
Escoutés à combien d’harpies
Vous faites manger vostre bien
En procez et chicanneries
Qui ne valurent jamais rien.

Si vous avez un bon affaire,
Auparavant que de rien faire
Il faut prendre beaucoup d’argent ;
Il en faut trouver sur des gages,
Et obliger à cent pour cent
Vos rentes et vos heritages.

Allez-vous plaider au conseil ?
On ne vous void point de bon œil
Si vous n’y portez des pistolles.
Il y faut laisser vos escus
Et n’emporter que des paroles
Pour y estre les bien venus.

Il faut quitter vostre patrie,
Il faut hazarder vostre vie,
Suivant le roy par le pays,