Page:Variétés Tome II.djvu/204

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Il te fera beaucoup de grace
S’il t’expedie le premier,

Quelque present que l’on luy face.

Maintenant garde bien ta peau :
Car, quand il faut aller au sceau,
C’est une vraye escorcherie
Où l’on prend l’argent d’un chacun.
Hé ! bon Dieu ! que de vollerie
De prendre quatre sceaux pour un !

Enfin, pour tant de grandes sommes,
En ce maudit temps où nous sommes,
Tu n’auras que du parchemin
Avec un peu de cire jaune.
Il vaudrait mieux les mettre en vin
De Gaillac8, de Grave ou de Beaune.

Or, parce qu’il m’est arrivé
Que Messieurs du conseil privé
N’ont jugé le fond de ma cause,
Ains m’ont remis au Parlement,
Il est bien raison que j’en cause,
Puis qu’il aura de mon argent.

Primo, je crains fort la chicane
De quelque procureur marrane9
Qui sçaura nourrir mon procez ;
J’apprehende ses procedures,


8. Gaillac, dans l’Albigeois.

9. Ce mot, qui s’appliquoit surtout aux Maures, se disoit aussi des juifs convertis. V. Cotgrave. — On comprend alors qu’on en fît une injure contre les procureurs rapaces. C’est, toutefois, contre les Espagnols qu’on l’employoit surtout. V. L’Estoille, Journal de Henri IV, 19 juin 1598.