Page:Variétés Tome II.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sira plustost de nous croire que de l’aller sçavoir en ce pays-là.

Il y a quelque temps que, la cadence des astres ayant fait un faux pas contre toutes sortes de reigles communes et imaginées, trois des plus curieux astrologues de l’Europe trouvèrent leur an climaterique1 bien au deçà du terme qu’ils s’estoient prefix.

Ces trois pauvres docteurs avoient laissé la moitié de leur cervelle attachée au globe de la lune, qui


1. Les années de la vie humaine qui ramènent les nombres sept et neuf sont appelées années climatériques, du mot grec κλίμαξ, échelle, degré ; mais la climatérique par excellence est l’année 63, qui représente le multiple de ces deux nombres fatals. V. Lettres de Pasquier, in-fol., t. 2, p. 416, 6. — À l’époque où parut cette pièce, le nombre fatidique inquiétoit fort les esprits. On attribuoit, en effet, tous les malheurs du règne de Henri IV et sa mort sanglante à la fatalité qui l’avoit fait le 63e roi de France. Les faiseurs d’almanachs ne se faisoient pas faute de le répéter. Du vivant même du roi, ils avoient dit que le nombre funeste lui porteroit malheur. Malherbe, dans son ode « présentée à Sa Majesté, à Aix, en l’année 1600 », fait ainsi allusion à ces pronostics :

À ce coup iront en fumée
Les vœux que faisoient nos mutins,
En leur ame encore affamée
De massacres et de butins.
Nos doutes seront éclaircies,
Et mentiront les prophéties
De tous ces visages palis,
Dont le vain estude s’applique
À chercher l’an climatérique
De l’éternelle fleur de lys.