Page:Variétés Tome II.djvu/304

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voyant point qu’il y eût apparence de faire rien en Normandie.

Cependant, dès que la Trueaumont vit dans la Gazette d’Hollande l’article qui parloit des deux maréchaux de France et du courrier de Madrid arrivé à Bruxelles, il partit de Paris pour aller faire soulever les Normands.

La misère de ces malheureux conjurés étoit si grande, que, depuis le mois d’avril jusqu’au mois d’août, ils n’avoient pu trouver un sol, sinon qu’enfin on leur prêta 2000 écus, dont ils donnèrent 1000 livres à Van den Ende6, qu’ils envoyèrent à Bruxelles pour conclure le traité avec Monterey, lequel, se plaignant du retardement de l’exécution de l’entreprise, fut extrêmement satisfait d’apprendre qu’on avoit cru qu’il falloit attendre quelque heureuse conjoncture, et qu’il ne s’en pourroit jamais trouver une plus favorable que celle qui se présentoit du ban et arrière-ban, dont ils profiteroient, pouvant, sous ce prétexte, faire des assemblées sans donner de l’ombrage à qui que ce fût.

C’étoit à peu près au commencement du mois de mai qu’on faisoit cette négociation, et qu’on vit sur les portes de plusieurs églises de Rouen ces fameux placards dont il n’est pas que vous n’ayiez ouï parler. On trouva dans le même temps quantité de bil-


6. C’étoit un maître d’école hollandois, dont le fameux Spinosa avoit été l’élève. Des persécutions pour cause d’impiété l’avoient forcé de quitter Amsterdam et de venir s’établir à Picpus, près Paris.