Page:Variétés Tome II.djvu/38

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sur elles comme le tacon sur un vignoble au préjudice des ogres. On ne parle plus ny du Filou2, ny de la vache à Colas3 ; Robinette est censurée4. On ne


habitudes plus que galantes, et dont les femmes avoient la plus grande peur. Malherbe en parle à Peiresc dans sa lettre du 8 janvier 1613, à un moment où les esprits se rassuroient un peu, car on disoit que le Tasteur étoit pris : « Nous avions ici, écrit-il, un compagnon du moine Bourru, à qui l’on avoit donné le nom du Tasteur ; l’on dit que c’estoit un bon compagnon qui avoit des gantelets de fer, et au bout des doigts des ergots de fer, de quoi il fouilloit les femmes, et qu’il y en avoit à tous les quartiers. Depuis quelques jours, les femmes se sont rassurées, car on dit que le Tasteur est prisonnier. Il s’est fait là-dessus de bons contes, mais ce sont toutes inventions. »

2. Ce mot de filou n’étoit pas encore le nom d’une espèce : c’étoit celui d’un type de bandit à la mode, dont la barbe épaisse et hérissée avoit mis en vogue ce qu’on appeloit les barbes à la filouse. Dix ans après, le nom s’est étendu à l’espèce tout entière. Dans un arrêt du Parlement du 7 août 1623, il est parlé des hommes hardis se disant filous. Toutefois, Filou se maintient comme type jusqu’en 1634. V. notre tome 1er, p. 138.

3. De l’histoire de la vache à Colas, le paysan du faubourg Bourgogne à Orléans, histoire si fameuse au temps des guerres de religion, on avoit fait, au commencement du XVIIe siècle, une chanson qui sentoit bien fort son huguenot. Le clergé, contre qui elle étoit surtout injurieuse, avoit fini par la faire brûler de la main du bourreau, et par faire ordonner qu’on eût a n’en plus parler, ce qui fut cause que, pendant plusieurs années, on la chanta de plus belle.

4. Allusion aux chansons et pasquils assez licencieux de Robinette et Guéridon, de Filou et Robinette, etc., sur lesquels nous aurons à revenir souvent dans ce recueil.