Page:Variétés Tome II.djvu/50

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que le Parlement reçut une représentation du corps des perruquiers, qui supplioient qu’on supprimât cette invention fatale à leur repos, et qu’on défendît désormais aux machinistes de donner aucunes productions qui tendissent à la ruine d’un corps d’artisans. En conséquence, le Parlement donna ordre au sieur Hellezius de suspendre la construction de son moulin. L’inventeur présenta aussi un mémoire pour prouver l’utilité de sa machine ; mais, voyant traîner l’affaire en longueur, et ne doutant pas que le Parlement ne fût sensible à la requête d’un millier d’ames qu’il alloit réduire à la mandicité, il prit le parti de vendre un bien fort honnête qu’il possédoit, et en employa les deniers à satisfaire le désir qu’il avoit de voir éclore son projet. Il en vint à bout, et la machine fut faite avant que qui que ce soit en eût eu vent. Plusieurs personnes avides de nouveauté, à qui il en avoit fait part, se rendirent tacitement à quatre lieues de Londres, dans une maison de campagne où avoit été construite cette fatale invention. Quelques uns furent assez hardis pour tenter l’avanture. Elle réussit. Le bruit s’en répandit, et, avant que le Parlement en eût pris fait et cause, cinq cens personnes en firent l’essai fort heureusement ; mais, hélas ! le serpent se cache sous les fleurs. Cent autres curieux se présentent, se placent ; le cheval donne mouvement à la machine… mais, quel affreux moment ! les ressorts manquent, cent têtes tombent d’un côté, cent cadavres de l’autre. Quel horrible spectacle pour les témoins ! Hellezius se sauve, et au bout de deux heures toute la ville de Londres est imbue de cet accident. Le Par-