Page:Variétés Tome II.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point sujettes au changement, et celuy de la langue vivante, qui est de se perfectionner.

Il n’en est plus de mesme à présent, et l’Académie est également descriée et en France et chez les étrangers.

Cependant rien ne seroit plus aisé que de rétablir ce corps dans son premier lustre. Je sçay que le roy est à présent occupé à de plus grandes et plus importantes affaires ; comme je l’ay remarqué, celle-cy n’est point à négliger, et la moindre marque que le roy voudra donner de sa bienveillance pour l’Académie suffira pour la restablir.

Une chose qui a le plus contribué à faire ignorer au public l’utilité de cette compagnie est le choix des ouvrages qui luy ont esté donnez : un Dictionnaire, une Grammaire3, une Poétique, une Rhétorique4. Qu’y a-t-il de plus difficile, de plus long, de plus ingrat, et, si j’ose dire, de plus impossible à faire par quarante personnes ensemble ? Des ouvrages



3. Les six années qui s’écoulèrent entre la publication du Dictionnaire en 1694 et sa révision en 1700 furent employées, dit Pellisson, « à recueillir et à résoudre des doutes sur la langue, dans la vue que cela serviroit de matériaux à une grammaire, ouvrage qui devoit immédiatement suivre le Dictionnaire, selon le plan du cardinal de Richelieu. » Hist. de l’Acad. franç., t. 2, p. 66.

4. « Porter notre langue à sa perfection et nous épurer le goût, soit pour l’éloquence, soit pour la poésie, c’est ce que l’Académie se proposa d’abord, selon les vues du cardinal de Richelieu ; et, pour y parvenir, elle résolut de travailler activement à un Dictionnaire, à une grammaire, à une Rhétorique et à une Poétique. » Id., p. 42.