Page:Variétés Tome II.djvu/79

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Fava, il fit cinq ou six missives, chacune desquelles il cacheta et enferma dans une couverture de papier aussi cachetée.

De ces missives il s’en servit à deux fins : l’une pour voir la marque du papier sur lequel escrivoit ordinainement Alexandre Bossa et en achepter de pareil, comme il fit, non pas à Naples, où il n’en peut trouver, mais en la ville d’Ancone, allant de Naples à Padouë ; l’autre pour cacheter ses lettres du cachet mesme d’Alexandre Bossa, ce qu’il fit aussi, car, estant au logis, il leva les cachets qu’il avoit apposez tant aux missives qu’aux couvertures, en mouillant un peu le papier du costé où n’estoit pas la marque du cachet. Cela se faisoit assez facilement, d’autant que ce n’estoit pas cire d’Espagne5, mais molle seulement6. Il garda ces cachets pour s’en aider quand il en auroit besoin, soit pour les appliquer sur les lettres qu’il vouloit falsi-


5. 6. Ce passage, écrit en 1608, détruit l’opinion accréditée depuis Pomet (Hist. générale des drogues, Paris, 1735, in-4º, t. 1, 28 ; 2, 44) sur l’invention de la cire d’Espagne. Il devient évident qu’on la connoissoit de nom avant que le marchand de Paris, nommé Rousseau, à qui l’on en attribue à tort la découverte, l’eût remise en honneur, vers 1620, et lui eut dû, grâce aux encouragements de Mme de Longueville, puis de Louis XIII, une fortune de 50,000 fr. en quelques années. C’est un argument nouveau en faveur de M. Spies, qui soutenoit avoir vu, dans les archives de la cour d’Anspach, où il étoit conseiller, un diplôme de 1574, cacheté en cire d’Espagne rouge. Beckmann, Beitræge zur Geschichte der Erfindungskunst, trad. angl. in-8, t. 1, p. 219–223.