Page:Variétés Tome II.djvu/89

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Une chesne de quatre-vingt-seize perles orientales et belles, pesant deux cens quarante-sept carats et demy, de mil six cens cinquante-six ducats.

Quant aux chesnes d’or, il ne s’en trouva point de telles que Fava les desiroit ; et pourtant il donna charge à Bertoloni d’en faire faire deux : l’une à trois fils, les annelets torts, l’un d’or net, et l’autre esmaillé de noir, pesant chacun fil dix onces et demy ; l’autre chesne d’or de cinq fils, pesant chacun fil deux onces.

Ces chesnes d’or, perles et diamans sont achettez au gré de Fava par Bertoloni, qui les paye de ses deniers, et fait tous les frais et la despense necessaire pour cet achapt.

Pendant six jours que dura cet affaire à chercher, marchander et acheter les diamans et les perles, et faire faire les chesnes d’or, ce fut une merveille de voir et d’entendre les actions et discours de Fava en la maison de Bertoloni, tousjours quelque mot de l’Evangile à la bouche, et le plus souvent un breviaire à la main, que pourtant il ne sçavoit pas dire. On ne veit jamais un prelat en apparence plus digne, plus religieux et plus devot. Sa modestie, son air et ses depportemens le faisoient respecter d’un chacun, et non seulement ceux qui conversoient avec luy l’honoroient comme evesque, mais encore ceux qui n’y avoient aucun accez. Le capitaine mesme du gallion de la republique, le voyant et le considerant sur le port de Venise, où il estoit allé avec Bertoloni pour voir ce grand vaisseau, luy fit beaucoup d’honneur, et demanda à Bertoloni qui estoit