Page:Variétés Tome III.djvu/12

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nous peut esbloüir, d’autant que la première, par la science, ne veut autre guide que la raison et l’experience pour se rendre du tout sensible, et l’autre nous sousmet à la foy, laquelle que plus nous voulons examiner et penetrer, il semble que nous interpellons l’obscurité pour les tenèbres, et que nous entreprenons sur la Divinité, et qu’avec les aisles de cette folle de temerité et ambition nous nous elevons avec Lucifer pour nous abismer et precipiter dans les peines éternelles.

C’est ce qui a donné sujet d’un scandale public au jour second ou lendemain de la Pentecoste, vingt-quatriesme may de cette presente année mil six cens quarante-neuf, au village de Sanois2, distant d’une demye-lieüe d’Argenteüil, commis et perpetré par un grand laquais d’un bourgeois de Paris3, agé


2. Gui Patin parle de ce sacrilége dans sa lettre à Spon du 11 juin 1649 : « Un jeune père de l’Oratoire, qui est de la maison depuis huit jours, s’est aujourd’hui jetté sur celui qui disoit la messe, et lui a voulu arracher l’hostie. Le prestre s’est deffendu, mais l’autre a été le plus fort, l’a fait choir et lui a cassé les dents. L’hostie cheute, grand désordre dans l’église, etc. On dit que ce jeune homme est fol : je le crois ainsi. Un laquais fit autant, il y a quinze jours, au curé de Sannois, village près de Saint-Denis, le jour de la Pentecoste. Il a été condamné à avoir le poing coupé, être pendu, etranglé et brûlé, par le bailli de Montmorency. Il est encore à la Conciergerie par appel. » Gui Patin devoit être bien renseigné. Il avoit à Cormeille, près de Sannois, une maison qu’il tenoit de sa mère, et dont il ne reste plus qu’une allée de tilleuls.

3. Ce bourgeois avoit une maison de campagne à Cor-