Page:Variétés Tome III.djvu/148

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de l’escolle, et, comme chats-huants taciturnes, vindrent à tastons de toutes parts, pour deliberer de leurs affaires et apporter un nouveau reglement à l’entretien de leur chetive, pauvre et miserable vie.

Fouille-Poche, general de l’assemblée, oncle en dernier ressort de Carfour2 et proche parent du petit Jacques, comme ayant le plus d’interest en la conservation de son ancien droit, qui est de prendre ce qu’il rencontre, s’y trouva le premier ; et pour son siége plia trois ou quatre manteaux en quatre, qu’il venoit de desrober, et qu’il portoit vendre au frippier Gueulle-Noire3, maistre recelleur des halles ; et, après avoir longtemps attendu ses camarades, voyant que minuit s’approchoit, il commença ainsi :


quartier général des tire-laine et coupe-bourse. Maynard a dit, dans un de ses sonnets :

Paul, vous êtes le capitaine
Des voleurs qui toute la nuit
Courtisent la Samaritaine
Et font plus de mal que de bruit.

Et on lit dans la satire 9e de Du Lorens :

Mon manteau, dieu merci, ne craint pas le serein.
Je passe hardiment près la Samaritaine
Lorsque les assassins courent la tirelaine.

2. Le capitaine Carrefour, fameux voleur de ce temps-là, sur les exploits et la prinse duquel nous publierons quelques pièces curieuses dans nos prochains volumes.

3. Ce n’est point au hasard que ce nom de Gueulle-Noire est donné au fripier. Il fait allusion à ces huis des caves par lesquels les voleurs, de connivence avec leurs recéleurs des halles, jetoient « ce qu’ils avoient butiné par la ville. » V. notre tome 1er, p. 198.