Page:Variétés Tome III.djvu/150

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Règles, Statuts et Ordonnances des coupeurs de bourses.

Premierement, tous novices et apprentifs de nostre estat et mestier seront tenus d’avoir fortes espaules pour porter les coups de baston qu’on leur donnera, venant à estre descouverts et pris en deffault.

II.

Voulons et ordonnons que personne ne puisse estre receu maistre passé en l’art s’il n’a les deux oreilles coupées5, et quatre ou cinq estafilades sur le nez ; et parce qu’en diverses rencontres ils pourroient se trouver en lieu dangereux, seront tenus lesdits postulans de porter des oreilles d’escarlatte dans leurs pochettes, et s’en servir aux occurrences.

III.

Voulons que tout homme qui aspire à nostre mestier soit de la famille des Rougets et des Grisons, autrement descheu de tous priviléges, munitez, exemptions, etc.



5. La punition des filous étoit d’avoir les oreilles coupées, ou, comme on disoit alors, d’être essorillés. Ces exécutions se faisoient près la Grève, au carrefour qui s’appeloit pour cela Guigne-Oreille, et par altération Guillori. Brantôme nous dit que, de son temps, l’armée étoit pleine de vagabonds « essorillés, et qui cachoient les oreilles, à vray dire, par de longs cheveux hérissés. » (Édit. du Panthéon, t. 1er, p. 580.)