Page:Variétés Tome III.djvu/176

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oisons, fésants, et de toutes autres sortes de volalilles ; quand ils sont bastez comme chameaux, leurs bats sont fort creux : car il y tiendroit bien cent pièces de velours, autant de satin, damars, que taffetas, toilles fines, rubarbes, cochenille, et de mille sortes de marchandises sujetes à l’imposition. Ils sont à part soi plus forts que cent bœufs attelez ; ils vont jour et nuict, et aussi asseurement sur eaüe que sur terre ; il n’y a mousches, mouschars ni mouscherons qui les puissent empescher d’aller où bon leur semble ; ils sont quelquefois comme les cameleons, ils changent de toutes couleurs ; ils font faire plusieurs passages invisibles ; ils font passer la douzaine de bœufs aussi gaillardement sans acquiter comme moi ; ils font les uns de pauvres riches et de riches pauvres ; quand ils dorment, tirez-leur un poil de dessus eux, il vous servira à vous faire un manteau, un pourpoint, un chapeau, voire, quand il est bien tiré et choisi, il vous servira à faire un habit complet ; ils font porter à madame la controleuse, à madame la garde, la petite cotte de taffetas, de camelot, de soye ou de telles estoffes qu’elles desirent, le petit demi-ceint d’argent, la bague mignardelette au doigt, le petit bas de soye, etc. ; tellement, mon bon ami Me Guil., les coquilberts ont de terribles perfections, et, si je l’osois dire, leur eaüe est meilleure que le vin de Vaugirard : car il y a plus d’un mois que j’en boy, je vous en parle comme sçavant, et si j’en bois encore quelquefois quand je suis au monde. De la nourriture de tels animaux, je ne t’en veux rien dire : car tu peux assez juger, estant juge comme tu es, que, sortant telles eaux de