Page:Variétés Tome III.djvu/19

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assigné où l’un de ses adversaires se devoit trouver ; de quoy l’autre, quy estoit à Paris, estant adverty, fut merveillement indigné contre l’ennemy de son ennemy de ce qu’il le prenoit au combat et le frustroit du fruict de la victoire qu’il esperoit remporter luy-mesme ; si bien que, montant à cheval et courant à bride abattue au lieu où ils estoient, les ayant rencontrez en la première posture que font les combattans quy commencent à en venir aux mains, il leur feit le holà, et, adressant incontinent la parole à celuy quy concuroit en haine avec luy, n’ayant qu’un mesme ennemy, luy dist avec quelque leger blasphème qu’il ne luy appartenoit pas de vider sa querelle auparavent la sienne, soit qu’il fust le premier en date, soit que sa querelle fust de plus grande consequence, soit que, le sort du combat venant à tomber sur leur ennemy commun, il luy despleut de n’avoir plus qu’à combattre les masnes du deffunct ; l’autre, au contraire, desjà tout eschauffé, tout ardent au combat encommencé, n’estimant pas bien sceant de quitter la place à ce dernier venu, ne manquoit pas de vives raisons pour monstrer qu’il se devoit battre le premier, avec une ferme resolution d’empescher son dessein au cas qu’il eust voulu entreprendre sur son marché : de sorte que peu s’en fallut que ces deux champions ne fissent une eternelle paix avec leur ennemy, s’entretenant l’un l’autre sur leurs differends quy survinrent entre eux, pour ce à quy seroit de se battre le premier. Mais quoy ! le courage ne manquoit pas au troisième pour les empescher de se battre, parcequ’il les avoit dejà devoué tous deux (l’un après l’autre toutesfois) à sa