Page:Variétés Tome III.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour surgir au port de ses desirs d’une maquerelle, laquelle lui promet, quoy qu’il couste, de faire choir le gibier dans ses filets. Pleust à Dieu que par les royaumes et provinces il y eut de bons limiers pour courir, eventer et lever ces pestes des monarchies, villes et citez, et que, les forests estant suffisantes pour leur faire un bucher, un bras justicier mist le feu au dedans et resjouït les cieux de l’odeur de si belles fumées !

Mais quoy ! le mestier en est trop commun ! plusieurs en auroient trop chaud en leur pourpoinct, et puis le bois seroit trop ardamment recueilli en France.

Quoy qu’il en soit, ce capitaine, sans l’achoison4 de ceste peste, verroit encor sa vie et sa valeur debout ; ceste jeune et tendre pucelle, sa vie et son honneur ; et ses parens, leur joye, support et contentement.

Ceste vieille donc (peste de la jeunesse) avisa ceste fille qui marchandoit des bouquets, et, voyant qu’elle ne se trouvoit d’accord avec la jardinière, lui dist : Ma fille, venez avecques moy, et je vous en monstreray de plus beaux, et de plus belles fleurs, à plus raisonnable prix. Ce jeune tendron, portée de son jeune desir, et conduite de sa simplesse, se met à la suite de la vieille, comme un chevreuil qui, sous la conduite du boucher, va droit à la boucherie. Helas ! nous voyons bien le commencement des che-


4. Vieux mot qui s’employoit pour occasion, et qui dérivoit aussi d’occasio, selon Huet. V. un article de M. Littré, Revue des Deux-Mondes, 15 juillet 1855, p. 372.