Page:Variétés Tome III.djvu/242

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Afin de s’en vestir ; mais pour estre plus belle
Elle sembloit chercher une forme nouvelle2.
—-Enfin, comme je vis qu’elle approchoit de moy,
Je luy dis, tout surprins de merveille et d’esmoy :
À voir vostre façon et vostre beau visage,
Je croy que vous soyez de divin parentage ;
Vos yeux monstrent assez vostre divinité,
Et que vous ne tenez rien de l’humanité ;
Mais sans passer le jour à plus long-temps m’enquerre
Si vous estes des cieux ou fille de la terre,
Au nom de Jupiter, dites-moy vostre nom,



2. Henri Estienne, dans ses Deux dialogues du nouveau langage françois italianisé, à propos d’une discussion de son Celtophile et de son Philausone sur la mobilité perpétuelle de la mode, raconte l’anecdote de ce peintre qui, ayant à représenter tous les peuples de l’Europe avec leur costume national, n’imagina rien de mieux, pour figurer le François, que de le peindre nu avec une pièce d’étoffe sous le bras et une paire de ciseaux à la main. C’est certainement à ce tableau, ou plutôt à cette caricature, que l’auteur fait allusion ici. Une autre pièce du temps, le Courtisan à la mode, etc. (1625), p. 9, en parle d’une façon plus directe et avec plus de détails : « Il ne faut s’estonner, y est-il dit, si dans Rome, dans la gallerie du cardinal Fernèze (sic), que l’on estime estre l’une des plus admirables pour les peintures et autres singularitez qui s’en puissent trouver dans l’Europe, où, entre autres choses, l’on voit toutes les nations despeintes en leur naturel, avec leurs habits à la mode des pays, hormis le François, qui est despeint tout nud, ayant un roulleau d’estoffe soubs l’un de ses bras et en la main droicte des cizeaux, pour demonstrer que, de toutes les diversitez de l’univers, il n’y a que le François qui est seul à changer journellement de mode et façon pour se vestir et habiller, ce que les autres nations ne font jamais. »