Page:Variétés Tome III.djvu/259

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La manche detaillée à grande chiquetade ;
Le taftas seulement sert dessous de parade,
Voires le plus souvent les robes de satin
Qui sont de couleur rouge ou bien d’incarnadin
Des damoiselles sont les plus chères tenues,
Et dont journellement on les voit revestues.
La robe de taftas a prins d’ailleurs son cours :
La bourgeoise s’en sert maintenant tous les jours ;
Encore, quand il est question d’être leste
À quelque mariage ou bien à quelque feste,
Elle ose bien porter la robe de damas,
Qui pour se faire voir n’aguères n’avoit pas
Rien que robes de drap, ou bien robes de sarges,
Avec queuë par bas pendante et manches larges :
Car aux robes alors hautes manches portoient
Seulement celles qui de noble race estoient ;
Mesmes lors le burail31 estoit très rare chose,
Et le turc camelot, dont la bourgeoise n’ose
En faire maintenant sa robe seulement
Qui de son coffre soit le pire habillement.
Le grand vertugadin32 est commun aux Françoises,
Dont usent maintenant librement les bourgeoises,
Tout de mesme que font les dames, si ce n’est
Qu’avec un plus petit la bourgeoise paroist :



façon des botons sans usage sur les manches, sur les chausses, devant, derrière, de costé et d’aultre, et n’y a moyen de paroistre autrement. » (La Mode qui court,… etc., p. 7.)

31. La bure ou bureau. V. plus haut, pag. 120.

32. Les vertugales, passées de mode, ainsi que les vasquines, dans la seconde moitié du XVIe siècle (voy. notre tome 2, p. 190), avoient reparu sous Louis XIII, agrandies et perfectionnées, avec le nouveau nom de vertugadin.