Page:Variétés Tome III.djvu/36

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Du Peuple.

Excusez, lecteurs, si par le menu je vous écris l’action et le vestement des peuples du temps passé ; que si je ne le faisois il seroit impossible de monstrer la grandeur de nostre temps. Conjecturez doncques que le marchant estoit facile à cognoistre : son habit estoit un petit bonnet de manton, faict à la coquarde16, un petit saye17 de drap quy ne passoit pas la brayette, une ceinture d’une grosse lisière, un haut de chausse à prestre avec une brayette18 quy passoit le saye de demy-pied ; une gibecière pendante à costé ; des


16. Bonnet s’attachant sous le menton, comme les béguins, et ayant la plume de coq plantée sur le côté, où l’on mit plus tard la cocarde. Les coquarts ou coquardeaux, comme ils sont appelés dans le Blazon des faulces amours, avoient été les jeunes gens à la mode de la fin du XVe siècle. V., sur le premier de ces mots, Biblioth. de l’école des chartes, 2e série, t. 1er, p. 369. — Les bonnets à la coquarde nommés par Rabelais (liv. 4, ch. 30) étoient fort pesants. Dans le rebras doublé de frise qui se trouvoit derrière, il entroit jusqu’à une demi-aune de drap. Louis Guyon (Div. leçons, liv. 2, ch. 6) dit qu’il en vit un à Paris qui pesoit quatre livres dix onces.

17. C’étoit le justaucorps ou hoqueton, comme on disoit à l’armée.

18. Tout le monde connoît, par les images et les tableaux du temps et par la description qu’a faite Rabelais de la magnifique braguette de Panurge, ce qu’étoit cette partie saillante du haut de chausses.