le Serviteur du roy des Melons andardois1.
Pourquoi, cruelle Mort, trop injuste et sevère,
Nous oste-tu si tost ce prince debonnaire ?
Pourquoy as-tu changé nostre contentement,
Nos liesses, nos joyes, en douleurs et tourment,
Nous privant de celuy dont les graces divines
Esclattoient tous les jours au milieu des cuisines,
Qui a fait que les princes ont quitté les combats
Pour chercher les festins, les dances, les esbats ;
Qui mesme a fait changer aux grands chefs de milice
La fureur en douceur, et quitter l’exercice
1. C’est-à-dire melons d’Angers, Andardois dérivant du mot Andes, ancien nom des Angevins. Les melons de l’Anjou étoient célèbres au moyen âge, à une époque où cette province eût mérité de partager le titre de jardin de la France, donné à la Touraine à cause des progrès qu’y avoit faits l’horticulture. V. Théâtre d’agriculture, in-4, t. 1, p. 151. — De tout temps on avoit pris le mot melon dans le sens burlesque qui lui est donné ici. Thersite, se moquant des Grecs, les appelle πεπωνες, melons (Iliade, chant 2, vers 235), et Tertullien reproche à Marcion d’avoir un melon à la place du cœur, puponem loco cordis habere. Notre expression avoir un cœur de citrouille vient de là.