Page:Variétés Tome III.djvu/44

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deurs et braveries ne font qu’enjandrer le vice, et que la modeste ancienne valoit mieux. Il n’y a nulle comparaison. L’antiquité estoit un deffault de pouvoir et une innocente sagesse pour le monstrer.

Nos anciens, pour estre pauvres et mal accommodés, laissoient-ils d’estre vicieux et debauchez, d’une desbauche publique et mesquine. Il me souvient de deux rues quy sont encore à Paris : l’une près de Saint-Nicolas, appelé le Huleu38, l’autre près Sainct-Victor, appelé le Champ gaillart39, où impunement le vice estoit permis avec les femmes desbauchées, et qui plus est, quand on avoit quelque


38. Le Huleu, dont le nom altéré se retrouve dans celui des rues du Grand et du Petit-Hurleur, venoit déboucher, en effet, rue Saint-Martin, assez près de Saint-Nicolas-des-Champs. — Un arrêt du 15 février 1565, rendu « sur la remontrance d’aucuns voisins habitant aux rues voisines de Hulleu, à Paris, fit vuider le bordeau accoutumé de tenir en laditte rue. » (Isambert, Recueil de Lois, t. 14, p. 176.)

39. Cette rue du Champgaillard, qui se trouvoit en dehors de l’enceinte de Philippe-Auguste, alloit de la rue Saint-Victor à la rue des Fossés du même nom. La partie voisine de Saint Victor s’appeloit rue d’Arras, nom qui lui venoit du collége d’Arras, et qu’elle a gardé ; l’autre partie s’appeloit, comme aujourd’hui encore, rue Clopin, à cause de la grande maison Clopin, qui y avoit été construite au milieu du XIIIe siècle. — Le Huleu et le Champgaillard sont nommés par Rabelais, entre autres mauvais lieux (liv. 2, chap. 6), dans les Après-disnées du seigneur de Cholières (Paris, 1588, in-12, fol. 43, recto) ; le second est nommé Champgaillard des bordeleries. — En se trouvant placés, comme nous venons de le voir, l’un près de Saint-Nicolas, l’autre près de Saint-Victor, le Huleu et le Champgaillard contre-