Page:Variétés Tome III.djvu/47

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nostre temps, pour ce qu’elle est plus grande que je ne la puis decrire.

Ô brave senat de Paris, de Rouen, de Toulouze et des autres parlemens ! vous n’estes pas seullement à admirer, possedans toutes ces graves qualitez de juges et d’avoir de vieux senateurs comme jadis, mais d’estre accompagnez d’un grand nombre de jeunesse quy, à l’age de vingt-cinq ans, ont esté receus au Parlement, aussy rempliz de science et de sagesse qu’estoient nos anciens à septante ans, outre la valeur des offices, quy coustent à present cens mille livres, et le grand train que vous tenez, au respect du temps passé, où le mulet estoit aussy empesché à porter le fumier aux vignes qu’à mener son maistre au palais.

Il n’y a juge quy n’ait sa porte cochère44, un ou deux carosses, six chevaux à l’etable, double palfermiers, quatre laquais, deux valets de chambres, un clerc, outre le train de madamoyselle, quy est égal.

C’estoit chose rare au temps passé de voir un homme riche, et le plus riche s’appeloit milsoudier45, c’est-à-dire quy pouvoit faire depence de cinquante livres par jour ; à present il n’est pas seulement commun à la plus part des maisons, mais il passe en despence.



44. « Les procureurs étoient logés autrefois en petite porte ronde ; maintenant, ils ont de grandes portes cochères. » (Dict. de Trévoux.) V. notre édit. du Roman bourgeois, p. 294, et notre t. 2, p. 283.

45. V., sur ce mot, notre t. 2, p. 279, note.