Page:Variétés Tome III.djvu/79

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quelque visage en attendant le changement que la vicissitude des choses humaines peut faire esperer ! Mais tout manque au besoin. L’absence de la cour6 a fait cesser le trafic ordinaire. Il a cependant fallu vendre et engager jusques à la chemise : quelle pitié ! Ô nos chères compagnes ! que vous avez esté bien conseillées à ce printemps dernier de faire le voyage de Touraine7 ! Vous avez rencontré vos bons amis dans ce beau jardin de la France, et nous, au contraire, sommes demeurées en butte au malheur et à l’infortune. Quelqu’un de nos entremetteurs, disnant avant-hyer avec la Samaritaine8, feit rencontre d’un vieux routier quy l’assura sur son honneur que,


6. Le roi étoit parti en mars 1620 pour aller jusqu’à Tours au devant de sa mère, avec laquelle on le réconcilioit.

7. Lors de ce séjour du roi dans la capitale de la Touraine, il avoit paru un pasquil dans lequel Paris, abandonné de la cour, recevoit les condoléances de la ville favorisée. (Lettre de la ville de Tours à celle de Paris, Recueil A–Z, E, p. 130.)

8. Les filles de joie affluoient le soir autour de la Samaritaine du Pont-Neuf, comme on peut le voir dans le Tracas de Paris de Fr. Colletet. Dans une chanson qui se fit à propos de l’un des embarquements, si fréquents au XVIIe siècle, des filles de joie pour l’Amérique, on ne manque pas de leur faire adresser de tristes adieux à ce rendez-vous de leurs plaisirs :

Adieu, Pont-Neuf, Samaritaine,
Butte Saint-Roch, Petits-Carreaux,
Où nous coulions des jours si beaux.

(Bussy-Rabutin, Amours des Dames illustres de notre siècle, Cologne, 1681, in-12, p. 374.)