Page:Variétés Tome III.djvu/98

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pied vers le tallon13. Le roy, voyant ce, leur cria qu’ils cessassent, et jetta ung baston qu’il tenoit du camp14. À tant se rapprochèrent les quatres maistres du camp et les deux parrains, qui les departirent et les retirèrent en leurs premiers lieux. Après le roy declara qu’il n’y a vaincu ne vainqueur, et les repute gens de bien tous deux et gentilz hommes ; dit qu’il se contente d’euls et leur deffend ne plus eulx molester. Et à tant sont tous deux mis hors du camp l’ung quant et l’autre, signifiant egalité ; pendant le combat les archiers estoient à l’entour du camp par le dehors faisant lisière. Depuis ordonna le roy à monseigneur le connestable mander le dit Sarzay à son lever le lendemain au matin, et vouloit qu’il luy fust baillé cinq cens escus et autant au dict Denyères15, et pour ce que les aucuns disputient du combat, di-


13. C’est Veniers qui reçut ce coup. On ne put étancher la plaie, et il en mourut.

14. « Ils s’abordèrent très courageusement, dit Vulson de La Colombière, et combattirent avec leurs deux espées ; mais avec si peu d’adresse, comme gens qui n’estoient pas fort usitez à se servir de telles armes ; ce qui les obligea enfin à les quitter pour se prendre au corps, et alors, Veniers ayant déjà le poignard au poing, et Sarzay aussi tirant le sien, le roy, ne voulant qu’ils passassent plus avant, jeta son baston entre les deux combattans, et tout incontinent ils furent separez par les gardes du camp. »

15. « Ils furent menez devant le roy, qui les mit d’accord, remettant en son honneur le sieur de La Tour, Sa Majesté affirmant devant tous les courtisans qu’il l’avoit vu le jour de la bataille faire son devoir près de lui. » (La Colombière, id.)