Page:Variétés Tome IV.djvu/180

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de France à Chalons, d’une pièce de terre sise sur la rue des Saints-Pères ou de la Charité, attenant le cimetière des Religionnaires, duquel une partie appartient aussi à l’Université68. Cette place, conte-


comédie du Menteur, jouée, comme on sait, en 1642, c’est-à-dire au moment même où l’on devoit achever de bâtir les hôtels dont nous voyons acheter ici le terrain, et qui changèrent si complétement la physionomie du Pré-aux-Clercs. Voici ce curieux passage, où sont rappelés tous les travaux accomplis alors dans Paris, tant dans l’Île Saint-Louis, où l’on commençoit à bâtir, que dans le Pré-aux-Clercs et dans le nouveau quartier Richelieu, sur les anciens remparts, auprès du Palais-Cardinal :

Paris semble à mDorante.
Paris semble à mes yeux un pays de romans :
J’y croyois ce matin voir une île enchantée ;
Je la laissai deserte et la trouve habitée ;
Quelque Amphion nouveau, sans l’aide des maçons,
En superbes palais a changé ces buissons.

Paris voit tous lesGéronte.
Paris voit tous les jours de ces metamorphoses :
Dans tout le Pré-aux-Clercs tu verras mêmes choses,
Et l’univers entier ne peut rien voir d’égal
Aux superbes dehors du Palais-Cardinal.
Toute une ville entière, avec pompe bastie,
Semble d’un vieux fossé par miracle sortie,
Et nous fait présumer, à ses superbes toits,
Que tous ses habitants sont des dieux ou des rois.

Dans ce qu’il dit sur le Pré-aux-Clercs à cette date de 1642, Corneille se trouve être plus vrai que Sauval lui-même dans un passage trop vague de ses Antiquités de Paris (t. 2, p. 368).

68. Piganiol confirme la situation de la maison de M. Bailly de Berchère, t. 8, p. 96–97.