Page:Variétés Tome IV.djvu/245

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bliay une botte d’allumettes que j’avois acheptée pour faire present à quelques uns par deçà pour procurer mon restablissement, et dès lors consenty main levée estre faicte à icelle Samaritaine de l’eaue de son puis, qui luy avoit esté arrestée ; puis je feis en sorte qu’en peu de temps j’accomplis le voyage de mon retour en ceste ville, où estant, sur l’instante requeste d’icelle Samaritaine et protestations par elle faictes de ne me plus inquieter, je me suis reintegré en mon magnifique siége, n’ayant toutes fois voulu monter si hault que j’estois, afin d’eviter l’orage des vents et la peine de sonner les heures, qui m’estoit une grande charge et empesche de pouvoir dormir à mon aise, à cause qu’il falloit sonner aux heures precises ; ayant choisi le lieu où je suis à present, qui est encores au dessus de la Samaritaine, mais bien plus proche d’elle que le premier où j’estois, laquelle, depuis que j’y suis, m’a monstré toute amitié, et confesse que la raison pour laquelle elle m’avoit faict deposseder n’a esté qu’à cause que j’estois trop loin d’elle : car les femmes desirent estre visitées de près, estant impossible de les contenter de loin ; à la sollicitation de laquelle j’ay mis bas mes aisles en signe de paix, m’estant contenté de prendre pour toutes armes la bouteille que je tiens entre mes mains, sçachant bien que chacun de vous est ordinairement armé d’un verre garny du breuvage qui vous fortifie le corps et la voix pour porter et crier vos charges, des quelles estant despetrez, tant vous estes ennemis de paresse, et pour ne demeurer inutils, vous prenez une charge de vin, qui vous semble plus facille que celle de cottraicts ; de