Page:Variétés Tome IV.djvu/319

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En tems et lieu, il n’y a nul danger ;
Asseure-toy que, pour s’advantager,

Il convertit sa folie en sagesse.

Si sous son ongle un glus tirant s’amasse9,
Tu mangeras du gibier appresté,
Car par malheur l’homme au droict arresté
Ne prend plus rien s’il ne va à la chasse.

S’il est un sot superbe sans doctrine,
Voilà le train des jeunes maintenant,
Il parviendra, mais qu’il soit souvenant
De parler peu et tenir bonne mine.

Mais, s’il dispute, il tombera en friche.
Pauvrette, helas ! de quoy te fasches-tu ?
Tout le sçavoir n’y sert pas d’un festu,
Il gaignera moyennant qu’il soit riche.

Si bien pensant10 il s’adonne à l’estude,
Il pincera (sans rire) l’argent et l’or ;
Tu garderas la clef de son thresor,
Prenant repos sans grand’ sollicitude.



XVe et le XVIe siècles — nous l’avons encore trouvé jusque dans Rabelais, — finit par rester comme proverbe.

9. De la glu, de la poix, dont il fait bon s’enduire les mains quand on veut voler. De là venoit que le mot picare signifioit à la fois poisser et voler, et que poissard se prit d’abord pour voleur : « Poisard pro fure habetur », dit Jacq. Sylvius dans son Isagoge. Paris, 1531, p. 4. — C’étoit un procédé larron renouvelé de voleurs de l’antiquité. Martial a dit de l’un d’eux, qu’il compare au fils de Mercure, patron de cette industrie :

Non erat Autolyci tam piceata manus.

10. Var : Pensatif.