Page:Variétés Tome IV.djvu/345

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Dites-moy, puisqu’il a trois testes,

Le peux-je pas nommer ainsi ?

C’est elle enfin qui nostre haine
A voulu prendre pour object ;
Son humeur orgueilleuse et vaine
Nous en donne assez le suject.
Quel prodige, au temps où nous sommes,
Que les plus bas d’entre les hommes
Aillent de pair avec les dieux,
Lors que sur des oiseaux de proye52,
Ainsi que le mignon de Troye,
Ils sont montez dedans les cieux ?

Quelle honte à ce grand empire,
Jadis si fort et si puissant,
Qu’il se promettoit tout en pire,
De vaincre celui du Croissant,
D’estre captif sous un Cerbère,
Sans qu’un des siens se delibère
De l’affronter comme autrefois ;
Qu’il ne se trouve plus d’Hercule
Et que tout le monde recule
Au moindre echo de ses abois ?

Ô fortune, ô nostre ennemie !
C’est toy qui cause ces malheurs.
Ô France ! tu es endormie,
Pour ne point sentir tes douleurs.
Ô ! démon soigneux des coronnes,
Qui, jour et nuict, les environnes


52. On a déjà vu par une note des Jeux de la Cour que Luynes devoit sa faveur près de Louis XIII à son adresse à élever les oiseaux de proie. — Le Mignon de Troye, c’est Ganimède, fils de Tros, roi des Troyens, qui fut enlevé par l’aigle de Jupiter.