Page:Variétés Tome IV.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoy rendre celuy de nos nopces plus solemnel et plus celèbre, ne desirant pas qu’il en couste à personne qu’à moy.

Ceste dernière ruse fit un puissant effect pour son dessein : car et Orcandre et tous ceux qu’il avoit assemblez, enivrez de l’esperance d’une chose dont la feinte estoit si accomplie par les desguisemens que le filou y praticquoit, lui dirent : Madame, si peu de chose ne nous doit arrester en si beau chemin ; sçachez que vous ne recherchez pas l’alliance d’un homme qui manque d’amis et de connoissances ; nous nous offrons de luy donner la main en tout ce qui nous sera possible, et, si nos forces ne s’y trouvoient assez grandes, nous ne craindrons pas d’y employer encores celles de nos amis, puis que c’est pour une si bonne œuvre.

Messieurs, il en sera tout ce qu’il vous plaira, luy repart le filou, et, en quelque façon que le tout se paracheve, je le tiendrai tousjours à grand bonheur pour moy.

La partie ayant esté remise au lendemain matin, on ne manqua point de se trouver, sur les huict heures, chez la dite de Vaugrin, où, les dernières resolutions du mariage ayant esté prises, et la donnation de dix mil livres faicte par le filou à Orcandre, en faveur de nopces, renouvellée par plusieurs fois, il fut deliberé de faire les fiançailles, pour ne rien obmettre en un si beau dessein.

Les fiançailles estant faictes, le filou se voit importuné de toutes parts de prendre les presens qu’on luy offroit à la foulle, les quels il recevoit avec beaucoup de froideur, faisant semblant d’estre fas-