misericorde de nostre Dieu, que, lors que les affaires ne nous viennent à poinct nommé et selon que nous les avons pourpensées, nous nous laissons très-lachement couler en une desasseurance de la bonté divine : il ne fault pour preuve de mon dire que les occurences du present. Noz deportemens portent tesmoignage contre nous-mesmes. La saison nous a esté très-apre, la disette grande, la fa-
pour trouver l’étymologie véritable, en avoit fait une à sa manière. Suivant lui « on les appeloit reistres parce que, disoit-on, ils étoient noirs comme de beaux diables. » (Édit. du Panthéon littér., t. I, p. 417.) Comme ils se recrutoient, pour le plus grand nombre, dans les états protestants de l’Allemagne, ils se trouvoient être des alliés naturels pour les huguenots de France. Venir piller ce beau pays sous prétexte de servir la foi étoit une trop excellente aubaine pour qu’ils la laissassent jamais échapper. Au premier appel de leurs frères de France ils accouroient. Dans les troupes que Coligny mit en campagne, on comptoit un grand nombre de reîtres ; en 1576, 12,000 passèrent le Rhin, sur une invitation de ceux de la religion, invitation qui n’auroit pas eu besoin d’être pressante. Comme on les connoissoit, « avis fut alors donné que le feu et sang se verra en France. » (Preuves de l’Estoile, t. III, p. 201.) La plus redoutable de ces invasions fut celle dont il est question ici. Le 13 juin 1587, Schomberg, qui s’étoit rendu en Allemagne pour suivre leurs mouvements, écrivit au roi qu’ils s’armoient au nombre de 9,000, et que, vers le 12 juillet, ils seroient sur le Rhin, où 12,000 Suisses et 6,000 lansquenets devoient se joindre à eux. Le duc Otto de Lunebourg les commandoit. Tout ce qu’on pouvait espérer, c’est qu’ils retarderoient leur marche jusqu’au commencement d’août. Malheureusement la récolte ne seroit pas faite alors, et, disoit Schomberg, il falloit