Aller au contenu

Page:Variétés Tome IX.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La seconde Voisine.

La nostre seroit assez bonne mesnagère, n’estoit qu’elle est mangée des palles couleurs, aussi bien que nostre fille Jacqueline, qui en est au mourir.

La troisiesme Voisine.

Madame, il la faut marier. Qu’est-ce que vous y ferez davantage ? C’est le meilleur remède que vous luy puissiez trouver.

La seconde Voisine.

Voilà qui est bien aisé à dire : Il faut marier les filles, il faut marier les filles. La marchandise est belle et bonne, mais il faut de l’argent pour s’en deffaire ; quand il faut partir[1] le gasteau entre sept ou huit, les parts en sont bien petites.

La troisiesme Voisine.

Jesu ! que je craindrois tant d’enfans !

La première Voisine.

Que diriez-vous donc, si vous estiez comme moy, qui en unze ans que j’ay esté mariée ay accouché douze fois ?

La première Voisine à l’Accouchée.

Mon Dieu, Madame, nous vous avons bien elourdée[2]. Il s’en va tantost nuit, il est temps de s’en


  1. Partager, du latin partiri. Nous disons encore avoir maille à partir, pour avoir argent à partager, et, par extension, querelle à craindre, l’un ne manquant jamais d’amener l’autre.
  2. C’est-à-dire nous vous avons bien ennuyée, nous vous