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Page:Variétés Tome IX.djvu/199

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L’Amant.

Madame, j’ay esté bien fasché d’estre esloigné si longtemps de ces beaux yeux qui sont mes soleils ; je vous jure que j’ay reçu mille desplaisirs de leur eclipse.

La Maistresse.

Monsieur, je n’ay pas tant merité envers vous.

L’Amant.

Madame, vous avez tant de merites qu’on ne sçauroit les nombrer ; mon Dieu, que voila une belle bouche, que voila des cheveux qui sont beaux !

La Maistresse.

Monsieur, ne vous mocquez point de vostre servante.

L’Amant.

Madame, je n’aurois garde de m’adresser à vous pour me mocquer, mais je vous prie de croire que c’est l’amour que je vous porte qui me faict parler de la façon.

La Maistresse.

Monsieur, vous ne voudriez pas choisir un si bas subject, vous ne voudriez pas estendre vos drappeaux en si basse haye.

L’Amant.

Ah ! Madame, voila comme on dict quand on se veult desfaire d’une personne ; aussi ne suis-je pas

    mode. Malherbe, dans la chanson que lui prit Gaultier-Garguille, l’a prêtée à Robinette. (V. notre édit. des Chansons de Gaultier-Garguille, p. 74.)